(Ou comment les environnements de travail fabriquent de l’exclusion en prétendant valoriser la performance)
« Il n’est pas assez réactif. »
« Elle est trop émotive. »
« Il a du mal avec la pression. »
« Elle n’arrive pas à suivre le rythme. »
Ces phrases, vous les avez peut-être prononcées. Ou subies.
Ce que vous appelez « inadaptation », c’est peut-être juste un cerveau qui dit stop à un système absurde.
Petite claque de départ : l’environnement est handicapant quand…
- Il glorifie la réactivité plutôt que la clarté.
- Il confond charge mentale et charge utile.
- Il oblige à “s’adapter” à des réunions sans but, des outils mal pensés, des urgences mal définies.
- Il valorise les plus bruyants, les plus visibles, les plus rapides… et écrase les autres.
Parlons franchement :
La norme professionnelle actuelle est validiste.
Elle est conçue par et pour :
- Des profils extravertis, neurotypiques, disponibles H24,
- Qui n’ont pas d’enfant à charge,
- Pas de trouble de l’attention,
- Pas d’obligation de soin, de douleur chronique, de fragilité psychique ou émotionnelle.
Et pourtant on vous dit que l’entreprise est “inclusive”.
Ah bon ? Elle tolère un fauteuil roulant dans le hall… mais vous laisse mentalement à terre en réunion.
Ce que ça produit ?
Des gens qui décrochent. Qui pleurent dans les toilettes. Qui surcompensent.
Qui “burn-outent” dans un silence poli.
Et à la fin, on dit : “Il/elle n’était pas fait(e) pour ce poste.”
Non. Le poste n’était pas fait pour eux. Et c’est ça le problème.
La mascarade du “profil idéal”
- Si tu es rapide mais anxieux, tu iras loin (mais tu crameras vite).
- Si tu es rigoureux mais lent, tu seras “pas assez agile”.
- Si tu es créatif mais sensible, tu seras “compliqué à manager”.
Combien de talents on broie chaque année pour préserver un modèle périmé ?
La bascule à faire
On n’est pas là pour faire plaisir à tout le monde.
Mais on peut arrêter de faire du mal à tout le monde en pensant qu’on agit pour “le collectif”.
👉 L’alternative, ce n’est pas “tout le monde fait ce qu’il veut”
C’est : on conçoit un environnement qui tient compte des vraies contraintes humaines.
5 révolutions de bon sens à lancer maintenant :
- Stop aux réunions en chaîne.
→ 50 minutes max, 10 min de vide pour respirer. (Tu veux des gens intelligents ou juste présents ?) - Fiche synthèse au lieu de 60 slides.
→ Être clair, c’est pas être simpliste. C’est être respectueux. - Droit au silence sans justification.
→ Parfois, ne pas répondre tout de suite, c’est être en train de penser. Dingue, non ? - Des supports lisibles, des consignes claires, des marges de manœuvre.
→ Pas besoin d’être “sous RQTH” pour apprécier qu’un tableau Excel ne soit pas un labyrinthe. - Un manager formé à la diversité cognitive.
→ Pas juste au “leadership”. Au vrai. Celui qui voit les gens, pas juste les chiffres.
Pour conclure :
Ce ne sont pas “les gens” qu’il faut réparer.
Ce sont les conditions de travail qu’il faut refonder.
Parce qu’au fond, le vrai “handicap”,
c’est d’avoir une organisation qui n’écoute que ceux qui parlent fort.
