La non-violence n’existe pas. Ou plutôt : elle n’existe qu’en mouvement.
(Réflexion sur les violences invisibles qui nous traversent tous, et sur la responsabilité de les voir avant de les éviter.)
Plutôt que de présenter la non-violence comme une posture “angélique” ou “morale”, cet article en fait une discipline lucide :
la capacité de voir où, quand et comment nous blessons — souvent sans le vouloir — pour mieux réparer.
Un texte qui trouble par sa justesse : qui montre que nous sommes tous à la fois victimes et auteurs de violence, souvent par maladresse, par peur, ou par ignorance.
Mais qui ouvre aussi une porte : la non-violence comme un chemin d’humanité, pas comme une vertu.
“La non-violence n’existe pas”
Parce qu’il n’existe pas d’humain sans colère, sans peur, sans maladresse.
Parce qu’aucune journée ne se passe sans un mot de trop, un silence mal placé, une tension ignorée.Nous aimons croire que la non-violence est un état. Une posture acquise.
Mais elle n’existe que dans le mouvement, dans l’effort conscient de voir la violence ordinaire et de choisir, un peu mieux chaque jour, de ne pas y répondre.
💬 La non-violence n’est pas la paix. C’est le courage de regarder la guerre en soi.
La violence ordinaire : celle qu’on ne voit pas
Elle ne hurle pas.
Elle se glisse dans un soupir agacé, un mail envoyé à 22 h, une réunion sans écoute.
Elle s’habille de bienveillance, parfois.C’est la violence du “tu” accusateur, du compliment conditionnel, du feedback qui blesse, du regard qui juge.
Ce n’est pas une faute morale.
C’est une inconscience relationnelle : le fruit de notre vitesse, de nos automatismes, de notre peur de manquer.
💬 La violence ordinaire, c’est la trace laissée par ce qu’on n’a pas pris le temps d’entendre.
La non-violence comme lucidité
Être non-violent, ce n’est pas “ne jamais se mettre en colère”.
C’est apprendre à sentir quand la colère devient arme, quand le besoin devient injonction, quand la peur devient manipulation.C’est voir les mécanismes invisibles qui nourrissent la violence :
- la peur de perdre le contrôle,
- la culpabilité de déplaire,
- la confusion entre exigence et pression,
- le besoin d’avoir raison pour exister.
💬 La non-violence commence là : quand je reconnais la part de violence en moi, sans m’en excuser, mais sans la justifier.
Réhabiliter la colère
La colère n’est pas l’ennemie de la non-violence.
Elle en est le signal vital.Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela : tous ont parlé de non-violence active.
Pas de passivité. Pas de silence.La non-violence, c’est la capacité de transformer la colère en clarté :
- dire ce qu’on ne peut plus accepter,
- poser les limites qui protègent,
- agir sans humilier.
💬 La non-violence ne supprime pas le conflit, elle lui rend sa dignité.
Dans l’entreprise : sortir de la violence invisible
Dans le monde professionnel, la violence n’est pas toujours brutale :
elle est structurelle, systémique, souvent inconsciente.Une organisation floue, des rôles mal définis, des décisions arbitraires : tout cela crée de la tension, de la peur, du silence.
C’est ce que nous observons chez Skill Connection dans nos audits RH et RSE :
les collaborateurs ne réclament pas la perfection, ils réclament la cohérence.Clarifier le cadre, poser des limites, reconnaître les besoins — voilà la base d’une culture de non-violence.
💬 La non-violence, au travail, commence par des phrases simples : “J’ai besoin de comprendre”, “J’ai besoin de temps”, “Je ne suis pas d’accord”.
La non-violence comme culture de gouvernance
Dans la norme ISO 26000, la RSE repose sur sept piliers, dont un souvent oublié : la gouvernance responsable.
Une gouvernance non-violente, c’est celle qui :
- prend le temps d’écouter avant de trancher,
- distribue le pouvoir d’agir,
- mesure l’impact de ses décisions humaines autant que financières.
C’est une gouvernance humble, qui sait qu’elle peut se tromper.
Et c’est peut-être la plus grande forme de non-violence :
reconnaître que l’on peut blesser, même sans le vouloir.
Conclusion : la non-violence, une discipline du lien
La non-violence n’est pas une posture idéale.
C’est une discipline du lien.
Elle demande de la lucidité, de la lenteur, et une infinie bienveillance envers nos maladresses.Elle est le contraire du perfectionnisme : elle est apprentissage permanent.
Et si, au fond, la non-violence n’était pas un état, mais un art de se rencontrer sans se détruire ?
💬 La non-violence ne nous rend pas meilleurs. Elle nous rend présents.
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